La transmission dans les arts martiaux: 2nde partie, budo et kakutogi
Suite de la chronique sur la transmission dans les disciplines martiales japonaises.
La transmission dans les voies martiales, budo
Créés sur la base des anciennes techniques guerrières à une époque où celles-ci n'avaient plus d'utilité pratique, les budo sont des voies martiales destinées à éduquer l'homme. Certains sont restés très proches dans leur esprit et leur pratique des bujutsu tandis que d'autres se sont résolument tournés vers le loisir et la compétition, se rapprochant ainsi nettement plus des kakutogi.
La grande diversité des pratiques des budo rend une analyse précise de leur transmission impossible, certains étant là encore très proche des bujutsu tandis que d'autres adoptent une démarche semblable à celle des kakutogi.
Le point fondamental qui différencie pourtant les budo des autres pratiques est leur objectif, l'éducation de l'homme. Dans ce contexte la pratique n'est qu'un support qui lui est subordonné. L'exemple le plus frappant étant celui de l'Aïkido dont le fondateur ne formalisa jamais l'enseignement…
La transmission dans les sports de combats, kakutogi
Les sports de combats, kakutogi, sont issus des budo. Correspondant à l'évolution de la société ils sont plus une pratique de loisir et de compétition. Ils correspondent à l'idée que se fait le grand public de la pratique des arts martiaux et offrent ce que cherchent beaucoup de nouveaux pratiquants, un moyen de se détendre, de retrouver ou conserver la forme, d'apprendre à se défendre, etc…
Et à condition d'être enseignés correctement sans être omnibulé par la compétition ils sont effectivement une forme de loisir qui permet de développer des compétences qui peuvent éventuellement servir en cas d'agression et développent les capacités physiques comme le font les sports.
Dans le cas des kakutogi la transmission est assez aisée, l'enseignement étant clair et les explications faisant appel à la logique. Il s'agit d'un enseignement moderne très inspiré par les systèmes scolaires et sportifs. L'enseignement de masse y est possible et même courant.
La transmission dans les arts martiaux, une évolution historique
Comme on a pu le voir la transmission dans les différentes pratiques martiales est aussi différente que l'essence et le but de leurs enseignements.
Il est évident que la transmission de type "moderne" basée sur une explication analytique est la plus adaptée à notre société. Elle était d'ailleurs déjà utilisée dans certains koryu pour l'enseignement ouvert destiné aux pratiquants des premiers niveaux.
Un exemple proche de nous est celui du Daïto-ryu et de Takeda Sokaku. L'enseignement qu'il livrait au cours de stages aux militaires et autres agents de police leur permettait d'avoir une efficacité sans doute restreinte mais rapide. Cette pratique est ce qui est généralement démontré et connu sous le nom de Daïto ryu par le grand public. Il est toutefois évident que la pratique des meilleurs élèves de Takeda tels que Sagawa Yukiyoshi, Ueshiba Moriheï ou son fils Tokimune et de leurs successeurs tels que Okamoto Seïgo est totalement différente et qu'il est impossible de l'expliquer à l'aide de principes mécaniques, leviers et autres lignes de force. Les rares qui s'y emploient n'en retirant aucune efficacité. Il reste alors la possibilité de nier…
La preuve par Ueshiba
En ce sens l'exemple de Ueshiba est frappant car si sa pratique peut paraître incompréhensible dans certaines de ses démonstrations, pas une des personnes ayant pratiqué avec lui n'a déclaré avoir chuté par complaisance. Cela alors même qu'occasionnellement il a pu être critiqué sur d'autres sujets.
Au contraire les témoignages d'experts ne pratiquant pas l'Aïkido ou de personnes ayant essayé de le tester comme Terry Dobson sont légions et décrivent une efficacité "hors du commun", "incompréhensible". Au Japon il existe d'ailleurs un proverbe qui dit "Le propre du véritable Aïkido est d'avoir l'air faux.".
Depuis longtemps disparu la pratique de Ueshiba commence toutefois à être occasionnellement remise en question par des personnes ayant seulement vu des vidéos de lui. On peut craindre qu'une fois tous les témoins disparus le processus ne s'accélère tant sa pratique est hors du commun.
Une transmission adaptée à notre époque
S'il est plus qu'improbable que l'étude "simple", "mécanique", "géométrique" même, d'un mouvement, permette d'accéder aux plus hauts niveaux de pratique, elle permet toutefois d'acquérir une relative efficacité dans un temps limité. En ce sens elle est particulièrement utile pour les forces de police ou militaires contemporaines pour qui le combat à mains nues n'est généralement pas la question de survie principale.
Elle est aussi et surtout parfaitement adaptée au pratiquant d'aujourd'hui car elle correspond à sa façon de penser et lui permet de progresser même s'il ne peut dégager plus de deux à trois heures par semaine pour se consacrer à sa discipline. A charge de celui qui aura épuisé les limites de ce type d'enseignement de s'ouvrir à une approche plus rare et difficile mais ô combien passionnante.
La transmission dans les voies martiales, budo
Créés sur la base des anciennes techniques guerrières à une époque où celles-ci n'avaient plus d'utilité pratique, les budo sont des voies martiales destinées à éduquer l'homme. Certains sont restés très proches dans leur esprit et leur pratique des bujutsu tandis que d'autres se sont résolument tournés vers le loisir et la compétition, se rapprochant ainsi nettement plus des kakutogi.
La grande diversité des pratiques des budo rend une analyse précise de leur transmission impossible, certains étant là encore très proche des bujutsu tandis que d'autres adoptent une démarche semblable à celle des kakutogi.
Le point fondamental qui différencie pourtant les budo des autres pratiques est leur objectif, l'éducation de l'homme. Dans ce contexte la pratique n'est qu'un support qui lui est subordonné. L'exemple le plus frappant étant celui de l'Aïkido dont le fondateur ne formalisa jamais l'enseignement…
La transmission dans les sports de combats, kakutogi
Les sports de combats, kakutogi, sont issus des budo. Correspondant à l'évolution de la société ils sont plus une pratique de loisir et de compétition. Ils correspondent à l'idée que se fait le grand public de la pratique des arts martiaux et offrent ce que cherchent beaucoup de nouveaux pratiquants, un moyen de se détendre, de retrouver ou conserver la forme, d'apprendre à se défendre, etc…
Et à condition d'être enseignés correctement sans être omnibulé par la compétition ils sont effectivement une forme de loisir qui permet de développer des compétences qui peuvent éventuellement servir en cas d'agression et développent les capacités physiques comme le font les sports.
Dans le cas des kakutogi la transmission est assez aisée, l'enseignement étant clair et les explications faisant appel à la logique. Il s'agit d'un enseignement moderne très inspiré par les systèmes scolaires et sportifs. L'enseignement de masse y est possible et même courant.
La transmission dans les arts martiaux, une évolution historique
Comme on a pu le voir la transmission dans les différentes pratiques martiales est aussi différente que l'essence et le but de leurs enseignements.
Il est évident que la transmission de type "moderne" basée sur une explication analytique est la plus adaptée à notre société. Elle était d'ailleurs déjà utilisée dans certains koryu pour l'enseignement ouvert destiné aux pratiquants des premiers niveaux.
Un exemple proche de nous est celui du Daïto-ryu et de Takeda Sokaku. L'enseignement qu'il livrait au cours de stages aux militaires et autres agents de police leur permettait d'avoir une efficacité sans doute restreinte mais rapide. Cette pratique est ce qui est généralement démontré et connu sous le nom de Daïto ryu par le grand public. Il est toutefois évident que la pratique des meilleurs élèves de Takeda tels que Sagawa Yukiyoshi, Ueshiba Moriheï ou son fils Tokimune et de leurs successeurs tels que Okamoto Seïgo est totalement différente et qu'il est impossible de l'expliquer à l'aide de principes mécaniques, leviers et autres lignes de force. Les rares qui s'y emploient n'en retirant aucune efficacité. Il reste alors la possibilité de nier…
La preuve par Ueshiba
En ce sens l'exemple de Ueshiba est frappant car si sa pratique peut paraître incompréhensible dans certaines de ses démonstrations, pas une des personnes ayant pratiqué avec lui n'a déclaré avoir chuté par complaisance. Cela alors même qu'occasionnellement il a pu être critiqué sur d'autres sujets.
Au contraire les témoignages d'experts ne pratiquant pas l'Aïkido ou de personnes ayant essayé de le tester comme Terry Dobson sont légions et décrivent une efficacité "hors du commun", "incompréhensible". Au Japon il existe d'ailleurs un proverbe qui dit "Le propre du véritable Aïkido est d'avoir l'air faux.".
Depuis longtemps disparu la pratique de Ueshiba commence toutefois à être occasionnellement remise en question par des personnes ayant seulement vu des vidéos de lui. On peut craindre qu'une fois tous les témoins disparus le processus ne s'accélère tant sa pratique est hors du commun.
Ueshiba Moriheï, fondateur de l'Aïkido
Une transmission adaptée à notre époque
S'il est plus qu'improbable que l'étude "simple", "mécanique", "géométrique" même, d'un mouvement, permette d'accéder aux plus hauts niveaux de pratique, elle permet toutefois d'acquérir une relative efficacité dans un temps limité. En ce sens elle est particulièrement utile pour les forces de police ou militaires contemporaines pour qui le combat à mains nues n'est généralement pas la question de survie principale.
Elle est aussi et surtout parfaitement adaptée au pratiquant d'aujourd'hui car elle correspond à sa façon de penser et lui permet de progresser même s'il ne peut dégager plus de deux à trois heures par semaine pour se consacrer à sa discipline. A charge de celui qui aura épuisé les limites de ce type d'enseignement de s'ouvrir à une approche plus rare et difficile mais ô combien passionnante.